
Claude Masse en 1702 écrit dans son mémoire :
« L’Aiguillon. Ce village ou petite paroisse est une des plus pauvres et des plus malheureuses qui soient dans l’étendue de la carte générale. Il y a environ 40 feux. Les maisons ne sont que de boues couvertes de paille, ce qui n’est pas commun dans ce pays. Il n’y a guère plus de 80 ans que ce village est commencé. Il était plus au sud, les sables ont obligé les habitants à l’abandonner. Il ne se cueille dans cette paroisse qu’environ 25 à30 tonneaux de vin, en quoi consiste tout le revenu de ces peuples, n’y cueillant ni blé ni fruits, les arbres n’y pouvant croître. Il n’y a qu quelques peupliers et tamarins. Il n’y a dans toute cette paroisse qu’une méchante métairie où il croit un peu d’herbes, où il se nourrit quelque peu de bestiaux des habitants. Il y avait autrefois peu de vignes, mais les sables les couvrent insensiblement, aussi bien que les marais salants qui étaient en plus grande quantité qu’ils ne sont aujourd’hui. Le peu qu’il reste de marais appartient au seigneur. Et cet endroit est si pauvre et la pauvreté leur est un bonheur car ils sont exempts de tailles et de tous autres subsides. Cette terre dépend du comté de Marans. »
1737: L'abbaye de St Michel en l'Herm achète la terre de l'Aiguillon.
Extraits du Livre des Choses Mémorables de l'Abbaye de St Michel en l'Herm.
Dom Fonteneau. Moine Bénédictin.
« Au mois de mai 1737, on fit l'acquisition de la Terre de l'Aiguillon moyennant 23000 livres et 1000 livres de pot de vin, 3450 livres pour les amortissements, et 550 livres pour le contrat et autres menus frais, 120 livres pour l'insinuation, 270 pour le centième denier et 1000 livres pour les lots et ventes et indemnité. Comme on avait manqué de prévenir le prince de Talmont, et que d'ailleurs nos pères de St Jean lui faisaient un procès, ce Sgr ne voulait faire aucune remise, et ce ne fut qu'à force de solliciter le Duc de Chatelleraud, son fils, que j'obtins 1400 livres, et en outre le rachapt qui aurait monté du moins à 900 livres, car notre vendeur mourut avant que nous eussions exhibé le contrat. »
Dom Fonteneau , Moine Bénédictin.
Livre des choses mémorables de l'Abbaye de St Michel en l'Herm.
" Le 19 Juillet 1738, il y eu un ouragan des plus violents. Quoique la mer eut commencé à perdre, la lune étant dans son cinquième jour, elle monta plus haut que dans aucune marée. Le berger de Ribandon fut surpris sur les relais avec son troupeau. La mer l'enleva avec plus de 300 brebis, elle était si agitée que les flots retombaient sur la Dive. Cela causa bien des naufrages et dans toutes les cabanes les brebis pourrirent cette même année."
En 1782, un procès verbal va constater que la mer a submergé une partie de la terre de la baronnie de l’Isle et Cap de l’Aiguillon.
« depuis plusieurs années la mer a submergé grande quantité de terrain de la dite isle et cap et nottement le terrain de la chapelle et les maisons des habitants,ainsi que le terrain ou le moulin à banc civil basty distant des dittes maisons au moins quatre cens toises et enfin jusqu’au terrain appelé vulgairemnt la pointe de l’éguillon de façon que la mer a pris plus d’une demie-lieu de large de la ditte terre de l’eyguillon vers la terre de l’ancien village, bourg ou hameau de l’ancien éguillon. »
Ce procès verbal reprend les récits d'Aiguillonnais né dans ce deuxième village. Cela nous confirme que le troisième village est déjà partiellement établi.
Sont interrogés, Jacques Suzaneau, Nicolas Valleau, Nicolas Rossignol, René Suzaneau, René Brocheteau, Pierre Charneau, Pierre Loubé, Etienne Viaud, Jean Brocheteau, Pierre Rossignol, Pierre Poiraud. Ils sont tous nés dans le deuxième village et vivent dans le troisième.
Dans leurs récits nous apprenons que la mer a commencé à prendre beaucoup de terrain en 1752, que vers 1774-75, « la chapelle a disparu ainsi que la maison du chapelain, et qu'il ne reste que la maison seigneuriale que la mer entoure aux marées et qui est sur le point d'être submergée. ».
Sur une carte datée de 1840, nous voyons aussi la mention d'un « Village de la Pointe aujourd’hui en mer »